Le présentéisme au travail
Le présentéisme est fortement ancré dans la culture française. Dans cet article, nous allons tenter d’en savoir plus sur ce mal qui fait des ravages dans nos entreprises. C’est un vrai problème de santé au travail souvent plus lié à la culture qu’à la charge de travail. Cela fait partie des nouveaux risques psychosociaux qui impactent la qualité de vie au travail. Il faut le prendre en compte dans le cadre de sa politique de gestion RH.
Qu’est-ce que le présentéisme?
Le présentéisme est un comportement adopté par un grand nombre de salariés lorsqu’ils se retrouvent en groupe. Il consiste à rester plus longtemps à leur poste de travail que s’ils n’étaient seuls. En clair, le soir, très souvent, le premier à quitter l’open space est l’employé qui se soucie peu du regard de ses collègues ou alors celui qui n’a pas d’autre solution que de partir parce qu’il a des obligations familiales comme un enfant à aller chercher à l’école par exemple.
Un grand nombre d’employés vont rester scotchés à leur chaise jusqu’à 18h00 voire 19h00 même s’ils n’ont pas de travail à faire après 16h00. En France, dans l’inconscient collectif, un employé qui reste plus longtemps au travail est un employé impliqué et donc performant. Par mimétisme, de nombreux employés n’osent pas partir tôt le soir même s’ils n’ont rien de particulier à faire. Alors ils restent, en attendant que l’open space se soit suffisamment vidé pour qu’ils puissent le quitter sans culpabilité.
Ils pensent que cette présence assidue leur permettra d’être reconnu à leur juste valeur. Et c’est vrai dans certains services où les managers récompensent la présence plus que la performance.
Quel est le problème du présentéisme?
Le gros problème avec le présentéisme est d’abord d’ordre philosophique. Comment considérer dans notre société moderne qu’un employé est performant et méritant parce qu’il reste plus tard sur son lieu de travail que d’autres? Il n’y a là aucune logique. Au contraire, tout vient à démontrer qu’un employé performant est un employé heureux. Pour être heureux, un employé doit se sentir utile. Et lorsque l’on reste derrière son écran tard le soir juste pour faire croire que l’on est occupé, on est tout sauf utile et donc pas particulièrement heureux. Au contraire, cela entraîne de la démotivation et du mal être.
On sait depuis de nombreuses années que la productivité d’un employé évolue au fil de la journée. Elle est bonne le matin puis en chute libre l’après midi, en particulier après le repas. En fin de journée, lorsque les réunions se sont enchainées, il ne reste plus beaucoup d’énergie et de lucidité à l’employé pour être efficace. C’est donc le moment de rentrer chez lui et non de s’acharner à faire croire au reste du service qu’il est débordé et donc indispensable. Un employé est utile à l’entreprise pour la valeur qu’il produit, par pour le temps qu’il passe physiquement dans les locaux de l’entreprise.
Un phénomène de groupe
Second problème avec le présentéisme, c’est le phénomène de groupe. Dans un service, un grand nombre d’employés n’oseront pas partir tant que leurs collègues seront encore à leur poste de travail. Ceci est renforcé par le phénomène de l’open space où le départ de l’employé est scruté et commenté par tous. Du coup, chacun attend bien sagement qu’enfin un collègue ait le courage de partir.
Troisième problème, le présentéisme entretient l’idée que plus on est présent et plus l’employeur va nous apprécier. Ainsi, certains employés continuent à travailler le soir, le weekend et même durant leurs congés payés. Vous savez, vous en avez tous eu, un collègue accroché à son smartphone 24h/24 qui dégaine même en plein mois d’Août à la plage. Il se croit indispensable. Certains critiquent son comportement et d’autres l’utilisent sans se soucier des conséquences pour sa vie privée. Ces comportements extrêmes d’addiction au travail peuvent mener au surmenage et au burnout in fine. C’est l’une des causes de l’absentéisme.
Les conséquences du présentéisme
En fait, sur le long terme, le présentéisme a de lourdes conséquences pour l’entreprise. Certains employés ont l’impression d’être coincés et de s’ennuyer en fin de journée, d’autres travaillent trop mais ne sont pas pour autant plus productifs, bien au contraire. La solution est donc de rétablir l’équilibre entre présence et performance. N’oubliez jamais qu’un employé malheureux est un employé qui ne peut pas donner le meilleur de lui-même. Quand c’est un groupe qui est touché, l’impact est énorme.
Comment lutter contre le présentéisme
Saviez-vous que dans beaucoup de pays, c’est très mal vu de rester tard au travail? Aux États Unis par exemple, les employés quittent souvent leur travail à 16h00. Ceci leur permet d’avoir une vie de famille épanouie.
C’est donc une question de culture. Il faut faire évoluer la culture d’entreprise et cela prend du temps. Pour cela, il faut des règles strictes d’organisation du travail comme par exemple :
- Interdire la tenue de réunions après 18h00
- Bloquer les accès à distance sur le réseau de l’entreprise le soir et le weekend, sauf pour les fonctions en astreinte
- Surveiller de près les temps de présence et mettre en place un plan d’action pour les employés qui auraient du mal à décrocher
Dans le cadre du dialogue social, pour améliorer le bien être au travail, les ressources humaines doivent mettre en place des actions incitatives :
- Stipuler clairement dans une charte que le fait de partir avant 18h00 ne saurait être sanctionné
- Récompenser la performance plutôt que la présence
- Encourager un meilleur équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle
- Encourager le télétravail car l’employé sera bien plus productif dans un cadre plus calme et serein
N’oublions pas que la loi française a instauré un droit à la déconnexion qui permet à l’employé de se déconnecter complètement de son travail sans avoir à craindre des sanctions. Travailler plus, c’est très souvent travailler moins bien, notamment à long terme. Nous avons tous besoin de périodes de repos pour recharger nos batteries.
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